Un deuxième salarié décède après l’explosion dans une usine chimique près de Lyon

Le bilan de l’explosion survenue lundi à l’usine chimique Elkem Silicones de Saint-Fons, au sud de Lyon, s’est alourdi. Un deuxième salarié est décédé vendredi après-midi des suites de graves brûlures, a indiqué à l’AFP Estelle Delaune, secrétaire générale de la CFDT Chimie Énergie, confirmant une information de la préfecture.

La victime, âgée de 55 ans, était hospitalisée depuis l’accident. Mardi, un premier employé de 47 ans, également grièvement brûlé, avait succombé à ses blessures. Deux autres salariés restent hospitalisés, dont au moins l’un en soins intensifs, selon le syndicat.

Les quatre employés blessés — un ingénieur chimiste, deux techniciens spécialisés et un salarié du département santé-environnement, âgés de 40 à 55 ans — travaillaient dans un atelier pilote du site lorsque l’explosion s’est produite.

Il s’agit du troisième décès enregistré en près de dix ans sur le site de Saint-Fons. En 2016, un homme avait perdu la vie lors de l’incendie de fûts de silicone dans un entrepôt.

Classé Seveso seuil haut et situé au cœur de la « Vallée de la chimie », le site a vu l’explosion se produire lors d’une opération de « dévolatilisation d’huiles de silicone hydrogénées », une manipulation décrite comme courante par l’entreprise. Le directeur de l’usine, Jean-Pierre Lerat, a évoqué la piste d’une émanation d’hydrogène dans un atelier expérimental. Une hypothèse également avancée par un porte-parole du groupe, qui a précisé qu’une réaction chimique aurait mal tourné avant une possible émission d’hydrogène gazeux déclenchant la déflagration.

Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour blessures involontaires et homicides involontaires par personne morale dans le cadre du travail. Les investigations ont été confiées à la Division de la criminalité organisée spécialisée (DCOS) et à la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS).

Les syndicats CGT et CFDT, majoritaires dans l’entreprise, ont annoncé leur intention de se constituer partie civile, qualifiant l’accident « d’intolérable ». La CGT pointe notamment des interrogations sur l’organisation du travail, l’évaluation des risques, la maintenance et les choix de prévention de la direction.

Ces dernières années, le site de Saint-Fons a déjà fait l’objet de mises en demeure de la préfecture du Rhône pour des manquements aux règles de sécurité et au stockage de matières dangereuses.

Le groupe Elkem, coté à la Bourse d’Oslo et racheté en 2011 par l’entreprise d’État chinoise China National BlueStar, se présente comme l’un des principaux fournisseurs mondiaux de matériaux avancés à base de silicium. Il emploie plus de 7 200 personnes dans le monde. En France, Elkem dispose de trois sites de production — à Roussillon et Salaise (Isère), ainsi qu’à Saint-Fons — où travaillent 570 salariés, auxquels s’ajoutent 120 employés dans le centre de recherche.

Laisser un commentaire