Un « acte indigne »: un olivier rendant hommage à Ilan Halimi abattu à Épinay-sur-Seine

Un olivier planté à Epinay-sur-Seine en mémoire d’Ilan Halimi, un jeune Français de confession juive séquestré et torturé à mort en 2006 par le « gang des barbares », a été abattu de façon malveillante, a annoncé vendredi le maire de la ville Hervé Chevreau. Une enquête a été ouverte.

« C’est chercher à le tuer une deuxième fois ». L’abattage à Epinay-sur-Seine d’un olivier planté en hommage à Ilan Halimi, jeune Juif torturé à mort en 2006, a fait réagir vendredi 15 août jusqu’au président Emmanuel Macron, alors qu’une enquête a été ouverte.

L’abattage de l’olivier a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi et a été constaté jeudi par des agents de l’établissement public territorial Plaine Commune, dont la ville d’Epinay-sur-Seine fait partie.

D’après le maire sans étiquette de la commune Hervé Chevreau, se basant sur les caméras de vidéosurveillance extérieures au jardin, un homme portant un sac à dos s’y est introduit à 1 h 50 alors que le parc ferme à 21 h 30. 

Dans une photographie accompagnant un communiqué de Plaine commune, on voit un arbre au tronc sectionné, situé juste au-dessus de la plaque commémorative portant le nom d’Ilan Halimi. Le reste de l’arbre, retourné, est à proximité. L’arbre avait été planté en 2011 dans cette commune de Seine-Saint-Denis située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.

« Abattre l’arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c’est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n’en sera rien : la Nation n’oubliera pas cet enfant de France mort parce que Juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine », a écrit sur X le chef de l’État.

Emmanuel-Macron Un "acte indigne": un olivier rendant hommage à Ilan Halimi abattu à Épinay-sur-Seine

À Epinay-sur-Seine, aux côtés du grand rabbin de France Haïm Korsia, le préfet de Seine-Saint-Denis Julien Charles a indiqué à l’AFP qu’une enquête avait été ouverte. Le représentant de l’État a jugé « important » de se rendre là où l’olivier a été abattu « pour dire (…) que l’enquête aboutira, qu’on réussira à identifier l’auteur de ces faits, qu’il sera traduit devant la justice ». 

L’enquête, pour destruction de bien d’utilité publique, a été confiée aux policiers de la sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, a précisé vendredi le parquet de Bobigny à l’AFP.

« Je trouve émouvant que l’État, la mairie, les citoyens se mobilisent pour dire que ce n’est pas juste un arbre qui a été coupé, c’est une espérance qu’on a cherché à saboter », a réagi le grand rabbin de France Haïm Korsia, avant de prier devant la stèle avec d’autres membres de la communauté juive.

Nombreuses condamnations politiques

« L’arbre pour Ilan Halimi, vivant rempart contre l’oubli, a été fauché par la haine antisémite. Nul crime ne peut déraciner la mémoire. La lutte jamais achevée contre le mortel poison de la haine est notre devoir premier », a de son côté écrit sur X le Premier ministre François Bayrou.

Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi, interrogé par l’AFP, « cette réaffirmation violente de l’antisémitisme à la face de la société est quelque chose d’extrêmement douloureux. Il n’y a rien de plus lâche et les assassins de sa mémoire ne valent pas mieux que ceux qui lui ont pris la vie il y a vingt ans ».

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dit sur X éprouver « dégoût et colère ».

Ilan Halimi, 23 ans, avait été enlevé, séquestré et torturé en janvier 2006 par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisaient appeler le « gang des barbares », sous la direction de Youssouf Fofana.

Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures, à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard. Le décès de ce jeune Français juif avait suscité une vive émotion dans le pays.

Plusieurs autres responsables politiques ont exprimé vendredi sur X leur émotion et leur réprobation après cet acte, alors que la communauté juive est confrontée à une très forte hausse des faits antisémites depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.

« Abject. Face à cet acte antisémite, je tiens à exprimer ma pleine solidarité avec la famille d’Ilan Halimi, dont la mémoire doit être respectée, racontée comme témoignage des conséquences tragiques de la haine de l’Autre et du racisme, et nous rassembler », a écrit Éric Coquerel, député LFI de la circonscription comprenant Epinay-sur-Seine.

« Honte au profanateur antisémite qui a dû penser que cet acte était d’un courage infini… », a lancé également sur X le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

À droite, Éric Ciotti, patron de l’UDR alliée au Rassemblement national, y voit « un abominable symbole de l’explosion de l’antisémitisme dans notre pays autant qu’une infâme attaque contre la mémoire du martyr d’Ilan Halimi ».

« L’olivier, planté en mémoire d’Ilan Halimi, était un symbole d’espoir face à la barbarie. Le détruire, est un acte infâme de haine et d’antisémitisme d’une lâcheté absolue », a réagi la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne.

Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l’un portait sa photo, avaient été vandalisés et sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, où il avait été retrouvé agonisant au bord d’une voie ferrée. D’autres arbres avaient été replantés. Mathieu Hanotin, président de Plaine Commune, s’est aussi engagé à le faire à Epinay « dans les meilleurs délais ».

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