Soudan : six Casques bleus bangladais tués dans une attaque de drones contre un camp de l’ONU

Six Casques bleus originaires du Bangladesh ont été tués samedi dans une attaque de drones visant un camp des Nations unies à Kadougli, dans le sud du Soudan, a annoncé la force de maintien de la paix de l’ONU dans la région. L’attaque a également fait au moins six blessés, dont quatre grièvement.

Selon la Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abyei (Fisnua), le camp visé se trouve à Kadougli, capitale du Kordofan-Sud, à environ 200 kilomètres d’Abyei. « Six soldats ont été tués et six blessés », a indiqué la mission onusienne, précisant que toutes les victimes étaient bangladaises.

Le Bangladesh et les Nations unies ont fermement condamné cette attaque survenue dans une région assiégée par les Forces de soutien rapide (FSR), paramilitaires en guerre contre l’armée soudanaise. Le gouvernement soudanais, aligné sur l’armée, a accusé les FSR d’être responsables de la frappe, ce que ces derniers ont démenti.

Le ministère bangladais des Affaires étrangères a dénoncé l’attaque « avec la plus grande fermeté » et demandé à l’ONU d’assurer « une prise en charge optimale » des militaires blessés. Le chef du gouvernement intérimaire du Bangladesh, Muhammad Yunus, s’est dit « profondément attristé » par la mort des Casques bleus.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié l’attaque d’« horrible » et renouvelé son appel aux belligérants à « mettre immédiatement fin aux hostilités ».

Une région en proie à une violence croissante

Kadougli, capitale du Kordofan-Sud, est encerclée depuis près d’un an et demi par les FSR. Début novembre, les Nations unies y ont déclaré un état de famine. La vaste région du Kordofan constitue une zone stratégique reliant les territoires contrôlés par l’armée soudanaise au nord, à l’est et au centre, au Darfour à l’ouest, passé entièrement sous le contrôle des FSR fin octobre.

Des témoins ont rapporté à l’AFP qu’un drone avait frappé le quartier général de l’ONU dans le centre-ville. Une vidéo diffusée sur le compte Facebook des forces armées soudanaises montre deux épaisses colonnes de fumée noire s’élevant de la base de la Fisnua, où des flammes sont visibles. Une source médicale de l’hôpital de Kadougli a également confirmé la mort de six personnes.

Dans un communiqué, le Conseil de souveraineté, dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée, a dénoncé une « escalade dangereuse ». Le Premier ministre soudanais, Kamil Idris, a pour sa part accusé « la milice rebelle terroriste », en référence aux FSR, appelant l’ONU à « prendre des mesures fermes » et à traduire les responsables en justice. Les FSR ont rejeté ces accusations, les qualifiant d’« infondées ».

La multiplication des attaques par drones

Cette attaque intervient dans un contexte de recrudescence des frappes par drones dans le pays. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) s’est dit récemment « alarmé » par l’« escalade brutale de la violence » au Kordofan, soulignant que la multiplication de ces attaques expose de plus en plus les civils au danger. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a également exprimé sa « profonde inquiétude » face à la détérioration de la situation sécuritaire dans la région.

Vendredi, le Royaume-Uni a annoncé des sanctions contre quatre commandants des FSR, dont leur numéro deux, accusés d’être responsables d’« atrocités » commises au Soudan.

La guerre, déclenchée en avril 2023 entre l’armée soudanaise et les FSR, a fait des dizaines de milliers de morts et contraint des millions de personnes à fuir leur foyer, plongeant le pays dans ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire au monde ».

La Fisnua compte environ 4 000 militaires et policiers, chargés notamment de la protection des civils dans la région d’Abyei, zone frontalière riche en pétrole où les affrontements sont fréquents.

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