service national volontaire : les interrogations soulevées par l’annonce d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a dévoilé jeudi 27 novembre les contours du futur « service national » volontaire, un dispositif présenté comme « purement militaire » et destiné à accueillir ses premiers participants dès l’été 2026. Une annonce qui intervient dans un contexte stratégique et politique tendu, et qui soulève de nombreuses questions quant à sa mise en œuvre, son financement et sa capacité à attirer des volontaires.
Pourquoi cette annonce maintenant ?
L’officialisation du projet intervient une semaine après les déclarations du chef d’état-major des armées, appelant la France à se préparer à « accepter de perdre ses enfants » dans une guerre. Pour Maxime Launay, historien à l’Irsem, il s’agit d’un signal adressé à la population face à la gravité du contexte international.
Le président justifie ce nouveau service par la nécessité de préparer la nation à un monde « où la force prime sur le droit ». À l’issue de leur engagement, les participants basculeront automatiquement dans la réserve opérationnelle de second niveau. Le dispositif doit également alimenter la réserve de premier niveau, appelée à passer de 47 000 à 80 000 membres d’ici 2030.
Une adoption garantie par le Parlement ?
Malgré quelques critiques, aucune force politique ne s’oppose frontalement au projet et une majorité devrait pouvoir se dégager à l’Assemblée nationale. Mais l’instabilité politique pèse : rien ne garantit que le gouvernement de Sébastien Lecornu restera en place pour porter ce chantier coûteux.
Les infrastructures représentent l’un des principaux défis. Après la fermeture de nombreuses casernes dans les années 1990-2000, il faudra agrandir les sites existants ou en créer de nouveaux. La Cour des comptes avait déjà pointé, en 2024, le coût « largement sous-estimé » du Service national universel (SNU), que ce nouveau dispositif doit remplacer.
L’exécutif prévoit un budget de 2,3 milliards d’euros pour la période 2026-2030, dont 1,4 milliard pour les infrastructures, dans le cadre de la prochaine actualisation de la loi de programmation militaire.
Les jeunes seront-ils au rendez-vous ?
Emmanuel Macron affirme que « la jeunesse a soif d’engagement » et prévoit 3 000 volontaires dès 2026, puis 10 000 par an en 2030 et 50 000 en 2035. Une enquête de l’Irsem publiée en 2024 indiquait que 57 % des 18-25 ans seraient prêts à s’engager en cas de guerre en France.
Selon Maxime Launay, l’armée ne devrait pas manquer de volontaires, mais la sociologie des candidats pourrait être similaire à celle du SNU, davantage fréquenté par des enfants de policiers, pompiers et militaires.
Pour attirer les jeunes, le gouvernement prévoit une solde mensuelle de 800 euros minimum, une réduction de 75 % sur les trains grâce à la carte de circulation militaire, ainsi que des avantages académiques : report de Parcoursup, valorisation par les jurys de concours et environ 15 crédits ECTS délivrés en fin de service.
Quelles seront leurs missions ?
Emmanuel Macron a assuré qu’il n’était pas question d’envoyer des jeunes en Ukraine : le service se déroulera « exclusivement sur le territoire national ».
Le premier mois sera consacré à la formation initiale : discipline, maniement des armes, marche au pas, chants militaires et rituels de cohésion. Les neuf mois suivants, les volontaires seront intégrés aux armées de Terre, de l’Air, de la Marine ou dans des services de soutien (logistique, cuisine, ingénierie, traduction…).
Ils accompliront ensuite les mêmes missions que les militaires d’active sur le territoire national : participation à l’opération Sentinelle, protection de sites sensibles, ou surveillance maritime depuis les sémaphores du littoral.



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