Sénégal : entre tensions politiques et dette record, le pays retient son souffle
Au Sénégal, des tensions sont apparues au grand jour entre le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, après un remaniement contesté à la tête de la coalition présidentielle. Cette crise politique intervient alors que le pays fait face à un endettement record, estimé à 132 % du PIB, qui menace son économie.
Une nomination contestée
Le 2 avril 2024, Bassirou Diomaye Faye était élu président du Sénégal, à 44 ans, devenant le plus jeune chef d’État de l’histoire du pays. Sonko, empêché de se présenter par la justice, l’avait désigné comme candidat de substitution avant de devenir Premier ministre. Dix-huit mois plus tard, le duo connaît ses premières turbulences.
Le 11 novembre, Bassirou Diomaye Faye a nommé Aminata Touré, ancienne ministre et ex-Premier ministre sous Macky Sall, à la tête de la coalition présidentielle, provoquant l’indignation du Pastef, parti dirigé par Sonko. Le Pastef conteste la légitimité du président à prendre cette décision et rejette la mise à l’écart d’Aïssatou Mbodje, proche de Sonko, au profit d’Aminata Touré. Le parti accuse cette dernière de ne pas partager « les mêmes valeurs ni les mêmes principes » que le Pastef.
Une rivalité politique au sommet
Pour justifier sa décision, le président a évoqué une volonté d’« ouverture » et de bénéficier de l’expérience et de l’esprit fédérateur d’Aminata Touré. Mais cette nomination soulève des interrogations, notamment un an après la victoire écrasante du Pastef aux législatives, avec 130 sièges sur 165 à l’Assemblée nationale.
Ousmane Sonko avait déjà exprimé en août un « problème d’autorité » au sommet de l’État, se disant insuffisamment soutenu par le président. Certains observateurs voient dans la nomination d’Aminata Touré une tentative de restreindre l’influence de Sonko et de préparer le terrain pour la présidentielle de 2029.
Une crise politique au moment d’une dette abyssale
Cette crise survient alors que le Sénégal négocie avec le FMI pour restructurer une dette publique record, la plus élevée d’Afrique. Les économistes alertent sur l’urgence de stabiliser la situation politique afin de se concentrer sur les réformes économiques nécessaires.
Pour Babacar Ndiaye, politologue, le duo président-Premier ministre reste populaire mais la patience de la population, notamment de la jeunesse qui les a portés au pouvoir, s’amenuise. Les promesses sur l’emploi, le coût de la vie, la santé, l’éducation ou la justice sont encore attendues. Début novembre, Sonko a appelé les Sénégalais à un « sacrifice de deux ou trois ans » supplémentaires pour rétablir les comptes publics, tout en critiquant les actions passées des anciens dirigeants.



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