Santé des Français : les grands enseignements d’une enquête nationale

Sommes-nous en bonne santé ? Entre alcool, tabac, sommeil, santé mentale et effets du climat, le nouveau baromètre de Santé publique France, dévoilé jeudi, dresse un tableau contrasté. Si une majorité de Français disent aller bien, les écarts demeurent importants selon le niveau social.

Une enquête d’une précision inédite

Réalisé en 2024 auprès de 35 000 personnes âgées de 18 à 79 ans, ce baromètre constitue l’une des plus vastes études sur l’état de santé de la population.
« Cette photographie n’a jamais été aussi précise », souligne Yann Le Strat, directeur scientifique de Santé publique France, qui y voit « des nouvelles encourageantes » mais aussi « de grands défis ».

Le constat central est clair : les inégalités sociales pèsent lourd.
Deux personnes sur trois déclarent être en bonne santé, mais ce taux tombe à une sur deux chez celles en difficulté financière. Les maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension restent plus fréquentes chez les plus modestes. À l’inverse, la consommation excessive d’alcool ou la sédentarité sont davantage observées dans les catégories favorisées.

Tabac : une baisse qui se confirme

Bonne nouvelle : le tabagisme quotidien continue de reculer.
Moins d’une personne sur cinq fume chaque jour, un premier recul net depuis la crise du Covid-19. Mais l’amélioration masque de fortes disparités : 30 % des personnes en difficulté financière restent fumeuses.

« La lutte contre le tabagisme a permis de réduire de 4 millions le nombre de fumeurs en dix ans », rappelle Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.

Climat et santé mentale : une double alerte

Les effets du changement climatique s’imposent désormais comme un enjeu sanitaire majeur.
Quatre Français sur cinq disent avoir vécu un événement climatique extrême, principalement des canicules, et 40 % déclarent en avoir souffert physiquement.

La santé mentale, grande cause nationale en 2025 et 2026, reste également préoccupante :

  • 16 % des adultes ont vécu un épisode dépressif en 2024,
  • 1 sur 20 a eu des pensées suicidaires.

Les femmes, les jeunes et les personnes modestes sont particulièrement touchés. Les hommes, quant à eux, sont moins souvent pris en charge : 54 % des hommes dépressifs ne bénéficient d’aucun suivi, contre 38 % des femmes.

Le sommeil constitue un autre signal inquiétant : malgré une durée moyenne conforme aux recommandations (7h30), un tiers des Français souffre d’insomnie, surtout les femmes de plus de 50 ans.

Des connaissances sanitaires encore insuffisantes

Sur plusieurs sujets essentiels, les Français demeurent mal informés.
Si 80 % se déclarent favorables à la vaccination, ils étaient 90 % au début des années 2000. La défiance est particulièrement forte envers le vaccin contre le Covid-19, auquel un quart des personnes restent réticentes, malgré le consensus scientifique sur son efficacité.

L’antibiorésistance, enjeu majeur de santé mondiale, est aussi largement méconnue :

  • 40 % des sondés n’en ont jamais entendu parler,
  • autant ignorent que les antibiotiques sont inutiles contre la grippe.

Autant de signaux qui rappellent l’importance de renforcer les actions d’information et de prévention.

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