Mondial de handball : un bronze au goût particulier pour lancer une nouvelle ère des Bleues

L’équipe de France féminine de handball a décroché dimanche à Rotterdam une médaille de bronze symbolique, la première depuis le départ d’Olivier Krumbholz. En battant les Pays-Bas devant leur public après prolongation (33-31), les championnes du monde en titre ont signé un succès fondateur pour le nouveau sélectionneur, Sébastien Gardillou, et son groupe.

Ce podium permet aux Bleues d’effacer la déception de l’Euro 2024, terminé au pied du podium à Vienne, et d’ajouter une seizième médaille à l’histoire de la sélection. Surtout, il marque un tournant : il s’agit de la première récompense obtenue sans celui qui avait incarné tous les succès de l’équipe de France pendant plus de deux décennies.

À l’issue de la rencontre, Sébastien Gardillou est immédiatement allé saluer Olivier Krumbholz, présent dans les tribunes de l’Ahoy Arena. « Cette médaille valide avant tout le choix de la fédération de m’avoir fait confiance. C’est ça le plus important », a-t-il déclaré, refusant d’en faire une consécration personnelle.

Le nouveau sélectionneur assure travailler sans pression excessive, malgré l’horizon des Jeux olympiques de 2028. « On ne me met pas une épée de Damoclès au-dessus de la tête », a-t-il insisté.

Un groupe rajeuni en construction

Ce Mondial a permis à Gardillou de lancer plusieurs jeunes joueuses sur la scène internationale, à l’image de Suzanne Wajoka et Fatou Karamoko, décisives lors du match pour le bronze. Une nécessité imposée par les absences de cadres, en congé maternité — Estelle Nze Minko, Laura Flippes et Chloé Valentini — ou blessées, comme Grâce Zaadi et Laura Glauser.

Ce manque d’expérience s’était fait sentir en demi-finales, vendredi, lors de la défaite face à l’Allemagne (23-29). « Cette équipe a encore besoin d’un leader affirmé. On manque de révolte quand on est en difficulté », reconnaissait alors le sélectionneur. Deux jours plus tard, ses joueuses ont toutefois montré leur capacité à rebondir, en surmontant un début de match raté et une égalisation néerlandaise dans les dernières secondes du temps réglementaire.

Pour Gardillou, le bilan de la compétition est « extraordinaire » et l’expérience acquise va permettre à ce groupe rajeuni de gagner un temps précieux. « Le handball de haut niveau demande de la patience. Le maillot de l’équipe de France ne donne pas des super pouvoirs : il faut se confronter au contexte international », rappelait-il.

Des ajustements permanents

Privé de plusieurs joueuses clés, notamment au poste d’arrière droite, le sélectionneur a multiplié les ajustements, testant différentes associations et changements de poste, comme l’utilisation de Pauletta Foppa hors de son rôle habituel de pivot. Dimanche encore, les Bleues ont parfois évolué avec trois demi-centres sur la base arrière, illustration des tâtonnements en cours.

Interrogé sur ces nombreuses rotations, Gardillou a assumé ses choix : « C’est de la marqueterie. Soit ça passe, soit je passe pour un gros blaireau. Ce n’est pas grave. » Il a également souligné le manque de temps d’entraînement, les joueuses ayant peu travaillé en raison des sols jugés trop durs dans certaines salles.

Ces ajustements ont toutefois eu un effet positif : les Bleues ont abordé la fin de compétition avec davantage de fraîcheur qu’à l’Euro 2024. « C’est la première fois que je termine une compétition aussi lucide », a témoigné Léna Grandveau, pour qui ce bronze constitue « une base pour construire la suite ».

Avec cette médaille, l’équipe de France ouvre un nouveau cycle, marqué par la transition, l’apprentissage et l’ambition renouvelée.

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