la prix Nobel de la paix Narges Mohammadi hospitalisée à deux reprises après son arrestation, selon ses soutiens
Le comité de soutien à Narges Mohammadi s’est alarmé lundi de l’état de santé de la militante iranienne et prix Nobel de la paix 2023, arrêtée vendredi lors d’une intervention publique à Mashad, dans l’est de l’Iran. Selon ses proches, la militante de 53 ans serait « souffrante » et a dû être transportée à deux reprises à l’hôpital depuis son interpellation.
Narges Mohammadi a été arrêtée alors qu’elle prenait la parole lors d’une cérémonie en hommage à l’avocat et militant Khosrow Alikordi, retrouvé mort début décembre. Son sort est resté incertain jusqu’à un bref appel téléphonique passé dimanche soir à sa famille.
D’après le comité de soutien, la militante a affirmé avoir subi « des coups de matraque violents et répétés à la tête et au cou » au moment de son arrestation. « Son état physique n’était pas bon et elle semblait souffrante », indique le comité dans un message publié sur le réseau social X, précisant qu’elle a été conduite « deux fois aux urgences ».
Toujours détenue
Hamid Mohammadi, l’un de ses frères, installé en Norvège, a confirmé à l’AFP que sa sœur avait pu brièvement contacter un autre membre de la famille resté en Iran. « Elle a été violemment frappée à la tête et au visage, ce qui a nécessité un examen médical. Elle n’est pas hospitalisée, mais elle est toujours en détention », a-t-il précisé.
Lundi, un collectif de militants iraniens, parmi lesquels les cinéastes Jafar Panahi, lauréat de la Palme d’or à Cannes, et Mohammad Rassoulof, a appelé à la libération « immédiate et inconditionnelle » de Narges Mohammadi ainsi que des autres personnes arrêtées lors de la cérémonie.
Arrestations et accusations
Selon le procureur de Mashad, Hassan Hemmatifar, 38 personnes ont été interpellées lors de l’hommage à Khosrow Alikordi, dont Narges Mohammadi et l’autre militante connue Sepideh Gholian. Elles sont accusées d’avoir incité la foule à scander des slogans « contraires aux normes ». Le frère de l’avocat décédé, Javad Alikordi, a également été arrêté plus tard dans la journée.
Le collectif de militants dénonce une « manœuvre préméditée », estimant que « la répression des voix civiques sous couvert de troubles à l’ordre public » s’inscrit dans une stratégie délibérée des autorités.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent Narges Mohammadi, tête nue — sans le voile obligatoire en Iran —, montant sur une voiture pour s’adresser à la foule, qui scande des slogans hostiles au pouvoir.
Une figure majeure des droits humains
Arrêtée à de nombreuses reprises, Narges Mohammadi avait été emprisonnée une dernière fois en novembre 2021 avant d’être libérée en décembre 2024 pour des raisons médicales, liées à des problèmes pulmonaires. Malgré des années passées derrière les barreaux, elle a poursuivi son combat en faveur des droits humains et des prisonniers politiques.
Lors de son appel téléphonique, elle a demandé à sa famille de déposer « immédiatement » une plainte officielle contre les services de sécurité responsables de sa détention et des violences subies. Selon son comité de soutien, elle a indiqué ignorer quel service la détenait, tout en précisant que les coups avaient été portés par des « agents en civil ».
Toujours selon ses soutiens, Narges Mohammadi serait accusée de « coopérer avec le gouvernement israélien », une accusation que les autorités iraniennes n’ont pas confirmée à ce stade. Israël est un ennemi déclaré de la République islamique d’Iran.



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