La Norvège reporte de quatre ans l’exploitation minière controversée de ses fonds marins

La Norvège met un coup d’arrêt — au moins temporaire — à son ambitieux projet d’exploitation minière des grands fonds. Le gouvernement travailliste a annoncé qu’aucun appel d’offres ne serait lancé pour l’exploitation des minerais sous-marins d’ici la fin de la législature, en 2029. Une décision qui repousse d’au moins quatre ans l’attribution des premières licences d’exploration, pourtant validées par le Parlement en 2024.

Un compromis politique à l’origine du revirement

Ce report résulte d’un compromis scellé dans la nuit de mardi 2 à mercredi 3 décembre entre le gouvernement travailliste minoritaire et plusieurs de ses alliés. En quête de soutien pour l’adoption du budget, l’exécutif a dû céder sur l’un des dossiers environnementaux les plus sensibles du pays.

« Cela devrait être le coup de grâce pour l’industrie minière des grands fonds en Norvège », s’est félicitée Haldis Tjeldflaat Helle, de Greenpeace. Pour les ONG écologistes, ce recul est une étape cruciale pour la préservation des océans.

Une marche arrière après un feu vert historique

En 2024, la Norvège semblait pourtant prête à devenir l’un des premiers pays au monde à autoriser l’exploitation commerciale de ses ressources minérales sous-marines. Le vote du Parlement, ouvrant une partie des fonds marins de l’Arctique à la prospection, avait déclenché une vague de critiques :

  • scientifiques et défenseurs de l’environnement,
  • Parlement européen, partisan d’un moratoire global,
  • voisins européens inquiets pour l’écosystème arctique.

Tous alertaient sur les risques graves et mal connus que l’exploitation minière ferait peser sur des écosystèmes abyssaux particulièrement fragiles.

Une victoire « historique » pour les associations

Pour les militants, ce report représente plus qu’un simple délai administratif. Anne-Sophie Roux, cofondatrice du mouvement #LookDown, y voit une victoire « historique ». Elle rappelle les menaces potentielles d’une telle industrie : « des conséquences irréversibles pour la biodiversité, les écosystèmes marins, les stocks de poissons, et donc pour les pêcheurs ». Elle souligne aussi les enjeux climatiques en Arctique et l’impact sur les populations autochtones, notamment le peuple Sami, mobilisé contre le projet.

La militante espère qu’Oslo rejoindra la coalition internationale pour un moratoire. « Nous assistons à un mouvement historique, avec 40 pays, mais aussi des banques, investisseurs et entreprises qui s’y opposent », dit-elle.

Une décision critiquée par les industriels

Les industriels norvégiens, en revanche, déplorent une décision « préjudiciable ». Ils rappellent que les fonds marins recèleraient 38 millions de tonnes de cuivre et 45 millions de tonnes de zinc, des métaux essentiels pour les batteries, les éoliennes ou encore les smartphones.

Le gouvernement, lui, défend l’idée que la Norvège doit réduire sa dépendance à des pays dominateurs du marché, notamment la Chine, pour les minéraux stratégiques nécessaires à la transition énergétique.

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