France : pourquoi Marine Le Pen prend la défense de Nicolas Sarkozy après sa condamnation dans l’affaire libyenne
Malgré leur opposition politique, Marine Le Pen a pris la défense de Nicolas Sarkozy jeudi 25 septembre, dénonçant une atteinte grave à l’État de droit après la condamnation de l’ancien président dans l’affaire libyenne.
Une position qui s’explique autant par les principes qu’elle invoque que par sa propre situation judiciaire, similaire à bien des égards.
Une condamnation encore susceptible d’appel, mais déjà exécutoire
Nicolas Sarkozy a été condamné à une peine de prison dans le cadre de l’affaire du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007. Bien qu’il ait fait appel, la justice a ordonné l’exécution provisoire de la peine, ce qui signifie qu’elle est applicable immédiatement, malgré la procédure d’appel en cours.
Marine Le Pen, invitée jeudi soir sur LCI, s’est dite choquée par cette décision :
« Condamner un président de la République à aller en prison avant même qu’il ne soit jugé de manière définitive est extrêmement grave au regard de notre État de droit. »
Des propos qui font écho à ceux de Nicolas Sarkozy lui-même, qui a dénoncé « une gravité extrême pour l’État de droit » à la sortie du tribunal.
Une critique politique sans détour
Si Les Républicains, parti de l’ancien chef de l’État, lui ont apporté leur soutien tout en évitant de remettre en cause la décision de justice, Marine Le Pen, elle, ne prend pas de telles précautions.
Elle va plus loin, dénonçant une forme de « chasse aux politiques » dans les milieux judiciaires :
« J’ai bien compris qu’un certain nombre de magistrats ont une sorte de tableau de chasse, où ils essayent d’épingler un maximum de responsables politiques. Un ancien président de la République est tout en haut du tableau. »
Une dénonciation de la procédure d’exécution provisoire
Derrière sa prise de position, Marine Le Pen entend surtout attirer l’attention sur la généralisation de la procédure d’exécution provisoire, qu’elle juge abusive et qui la concerne elle-même.
Condamnée en mars dernier en première instance à cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires européens, la présidente du Rassemblement national a également été frappée d’une exécution provisoire, malgré son appel. Un nouveau procès est attendu en 2026.
Selon elle, cette procédure remet en cause la possibilité de se présenter à une élection avant que toutes les voies de recours ne soient épuisées :
« Le tribunal dit : il n’est pas question que le fait que vous fassiez appel vous permette de vous présenter. En réalité, ce sont les Français qui sont attaqués au travers de cette décision. »
En ligne de mire : la présidentielle de 2027
Derrière ce débat juridique, c’est la présidentielle de 2027 qui se profile. Marine Le Pen, candidate malheureuse en 2012, 2017 et 2022, entend bien se présenter une quatrième fois. Mais sa capacité à concourir dépendra du verdict de son procès en appel prévu début 2026.
Dans ce contexte, l’affaire Sarkozy devient un cas emblématique. Elle pourrait peser lourd dans le débat sur l’indépendance de la justice, la place des magistrats et le respect des droits fondamentaux des justiciables – y compris des responsables politiques.



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