Cyberharcèlement contre Brigitte Macron : une campagne de désinformation aux visées politiques

Dix personnes comparaissent ce lundi 27 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement et diffusion de fausses informations visant Brigitte Macron. Depuis quatre ans, une rumeur infondée affirme que la Première dame serait née homme — une théorie conspirationniste d’origine transphobe et sexiste, devenue virale dans les milieux complotistes en France et à l’étranger.

Le journaliste Thomas Huchon, spécialiste de la désinformation et auteur de Résister aux fake news, analyse un phénomène inédit par son ampleur et sa portée.

« Jamais une fausse information n’a connu une telle vitesse de propagation et une telle audience mondiale », observe-t-il.
« Des millions de personnes ont été exposées à cette rumeur en un temps record — c’est sans précédent dans l’histoire contemporaine. »

Une rumeur nourrie par l’idéologie QAnon

Selon Huchon, cette campagne s’inscrit dans la mouvance QAnon, née aux États-Unis et proche de Donald Trump.
Ce courant propage l’idée qu’un réseau de « pédophiles satanistes » contrôlerait secrètement le monde, et qu’Emmanuel Macron en serait l’un des complices.

« Les complotistes interprètent l’histoire du couple Macron à travers cette grille délirante : ils voient dans leur rencontre une preuve de déviance et y plaquent leur récit de persécution », explique le journaliste.
« Le public ignore souvent que cette rumeur s’inscrit dans une stratégie globale visant à miner la crédibilité d’Emmanuel Macron et, par extension, celle de la France. »

Une instrumentalisation politique et lucrative

La rumeur a également été amplifiée par Candace Owens, influenceuse américaine proche du mouvement MAGA.
En diffusant cette théorie, elle renforce son influence en ligne et engrange des revenus considérables grâce à la viralité de ses publications et à la vente de son livre, devenu un succès commercial.

« Elle croit probablement à ce qu’elle dit, mais cette campagne sert aussi des intérêts politiques : affaiblir Macron, c’est fragiliser l’Union européenne face aux États-Unis de Trump », estime Huchon.
« Il est difficile de croire que cette offensive ne soit pas connue de son entourage politique. »

« Il faut répondre aux fake news »

Longtemps silencieux, le couple présidentiel a décidé de porter plainte systématiquement. Une stratégie que Thomas Huchon juge nécessaire :

« Quand on laisse une rumeur se répandre sans la contredire, on perd la bataille de l’opinion. Il faut la démonter, la réfuter, la contextualiser. »

La question de la régulation des plateformes

Pour le journaliste, seule une régulation plus stricte des réseaux sociaux permettra d’enrayer ces phénomènes :

« Tant que les plateformes ne seront pas tenues responsables de la diffusion de ces contenus, les théories complotistes continueront à proliférer. »

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