Bulgarie : le Premier ministre Rossen Jéliazkov démissionne sous la pression de la rue
En Bulgarie, le Premier ministre Rossen Jéliazkov a annoncé jeudi la démission de son gouvernement, emporté par une vague de manifestations d’une ampleur inédite depuis la chute du communisme. Confronté à une motion de censure et à une contestation massive, l’exécutif issu d’une fragile coalition quadripartite met fin à son mandat, ouvrant la voie à de nouvelles élections anticipées.
150 000 manifestants contre la corruption
« Le gouvernement démissionne aujourd’hui », a déclaré Jéliazkov lors d’une conférence de presse, alors que les députés débattaient de la motion déposée par l’opposition.
La veille, environ 150 000 manifestants avaient défilé à Sofia et dans plusieurs grandes villes, dénonçant la corruption endémique, rapporte le correspondant à Sofia, Damian Vodénitcharov.
La contestation est née fin novembre lorsque le gouvernement a tenté de faire adopter en urgence le budget 2026, premier budget rédigé en euros à l’approche de l’entrée du pays dans la zone euro. Ce texte prévoyait une hausse des impôts et des cotisations sociales. Pour les manifestants, ces mesures visaient surtout à masquer des détournements de fonds, accusations relayées par l’opposition.
Un exécutif fragilisé par les scandales
La crise a également ravivé les critiques visant Boiko Borissov, ancien Premier ministre et figure dominante de la politique bulgare. Jéliazkov, considéré comme l’un de ses proches, a été directement fragilisé par cette colère populaire.
Le parti GERB de Borissov gouvernait avec trois autres formations, dont le Mouvement des droits et libertés (DPS), mené par l’oligarque Delyan Peevski, une personnalité extrêmement controversée. Sanctionné pour corruption par les États-Unis et le Royaume-Uni, Peevski est régulièrement cité dans plusieurs scandales politiques et économiques — sans conséquences judiciaires — au point d’être devenu le symbole des « coulisses du pouvoir ».
Vers de nouvelles législatives anticipées
La chute du gouvernement ne devrait pas apporter de stabilité immédiate. Depuis 2021, la Bulgarie a déjà organisé sept élections législatives, reflet d’un Parlement profondément fragmenté, comptant aujourd’hui neuf partis représentés. Dans le même temps, la participation électorale ne cesse de reculer.
Conformément à la Constitution, le Parlement doit maintenant ratifier la démission du gouvernement, ce qu’il devrait examiner vendredi. Le président bulgare devra ensuite confier un mandat de formation d’un nouveau cabinet.
Mais aucun accord politique n’étant envisageable entre les principaux partis, le pays se dirige presque inévitablement vers de nouvelles élections anticipées, qui devront se tenir dans un délai maximum de deux mois.



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