Budget 2026 : alliances improbables et compromis introuvables à l’Assemblée nationale

Les débats sur le budget 2026 reprennent ce lundi 3 novembre à l’Assemblée nationale. Mais, contrairement au calendrier initial, les députés ne devraient pas boucler la première partie du projet de loi de finances (PLF) d’ici mardi. Le gouvernement prévoit désormais de suspendre l’examen du volet “recettes” jusqu’au 13 novembre, le temps de débattre du budget de la Sécurité sociale.

Un hémicycle sous tension

En choisissant de ne pas recourir à l’article 49.3, le Premier ministre a pris un pari risqué : laisser les députés modifier librement le texte. Et le résultat est sans appel : l’Assemblée, profondément divisée mais inhabituellement pleine, n’a pas hésité à remodeler en profondeur la copie du gouvernement.

Sébastien Lecornu s’était dit prêt à « faire contribuer les plus riches ». Sa taxe sur les holdings a bien été adoptée, mais dans une version allégée. En revanche, les amendements venus de l’opposition ont bouleversé l’équilibre global du budget : plus de 40 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires ont été ajoutés.

Parmi les mesures les plus marquantes, une taxe sur les multinationales proposée par La France insoumise (LFI), soutenue par le Rassemblement national (RN), censée rapporter 26 milliards d’euros. Même alliance improbable pour une taxe sur les superdividendes, adoptée contre l’avis du gouvernement.

Une alliance MoDem–PS–RN autour d’un “impôt sur la fortune improductive”

Autre surprise : un front commun entre le MoDem, le Parti socialiste (PS) et le RN a permis d’introduire dans le texte un nouvel impôt sur la “fortune improductive”. Cette mesure vise à renforcer l’actuel impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui avait remplacé l’ISF en 2018. Son impact budgétaire reste à évaluer.

Avant même son adoption, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, alertait sur une hausse historique du niveau des prélèvements obligatoires, estimés à 45,1 % du PIB. « La France redeviendrait le pays le plus fiscalisé d’Europe », a-t-elle prévenu.

De son côté, le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a dénoncé une « sorcellerie fiscale », rappelant que la taxe Zucman réclamée par le PS avait, elle, été rejetée.

Le PS, arbitre fragile de la majorité

Les socialistes, dont dépend désormais l’équilibre politique du gouvernement, continuent d’exercer une forte pression. Faute d’avoir obtenu la taxe Zucman, ils ont arraché plusieurs gestes significatifs :

  • une hausse de la CSG sur le patrimoine,
  • la renonciation au gel des pensions de retraite et des minima sociaux.

Ces concessions n’ont pas suffi à apaiser les tensions. Le PS reste prudent, conscient que le texte sera de nouveau remanié au Sénat, où la droite LR, majoritaire, rejette toute hausse d’impôts ou de dépenses.

Une séquence politique à haut risque

Autre point explosif à venir : la suspension de la réforme des retraites, promise par le gouvernement à la gauche. Sa mise en débat dans les prochains jours pourrait bien provoquer de nouvelles recompositions politiques et rebattre les cartes d’un budget déjà profondément transformé.

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