Boualem Sansal gracié par l’Algérie : un tournant diplomatique loin de la méthode Retailleau

La libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, gracié par l’Algérie et transféré en Allemagne pour recevoir des soins, illustre un net changement de méthode dans les relations franco-algériennes. Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu ont salué mercredi ce dénouement, fruit, selon eux, d’une approche basée sur le « respect et le calme », en rupture avec le « bras de fer » prôné par l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

Selon un communiqué de la présidence algérienne, le président Abdelmadjid Tebboune a accédé à une demande humanitaire de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, permettant à Boualem Sansal, âgé de 76 ans et détenu depuis un an, de quitter l’Algérie pour se faire soigner.

Emmanuel Macron a remercié le président Tebboune pour ce geste d’humanité et a souligné la coopération transparente entre la France et l’Allemagne dans ce dossier. Cédric Perrin, sénateur Les Républicains et président de la commission des Affaires étrangères, a également rappelé qu’une intervention d’un pays tiers était nécessaire pour préserver la dignité du pouvoir algérien.

Un virage à 180° dans la diplomatie française

Depuis plusieurs mois, les relations entre Paris et Alger étaient tendues. Sous le gouvernement précédent, Bruno Retailleau avait plaidé pour une politique de fermeté et un rapport de force avec l’Algérie, estimant que la « diplomatie des bons sentiments » avait échoué.

La nomination de Sébastien Lecornu à Matignon et l’arrivée de Laurent Nunez à l’Intérieur ont permis un changement de ton : une diplomatie plus discrète, fondée sur le dialogue et le respect, qui a progressivement permis d’avancer sur le dossier Sansal. L’Élysée a souligné que « le bras de fer ne fonctionne pas » avec d’autres États souverains et que le calme et la coopération donnent de meilleurs résultats.

Vers un apaisement des relations franco-algériennes

Ce geste intervient dans un contexte où Emmanuel Macron multiplie les initiatives pour réparer les liens bilatéraux. Le président français a, notamment, adressé une lettre à Abdelmadjid Tebboune à l’occasion de la Fête de la Révolution algérienne, soulignant la nécessité d’un dialogue « franc, respectueux et d’égal à égal » pour relancer les coopérations essentielles, notamment en matière de sécurité, de migration et de services consulaires.

Laurent Nunez a parlé d’une « rupture dans la forme », affirmant que la méthode brutale n’apporte pas de solution durable. Invité en Algérie par son homologue, il a ouvert la voie à un possible apaisement des relations. La libération de Boualem Sansal, arrivé mercredi soir en Allemagne, vient confirmer cette dynamique.

Bruno Retailleau s’est contenté d’un court message sur X pour exprimer son « immense soulagement », tandis qu’Emmanuel Macron se dit prêt à poursuivre les échanges avec l’Algérie sur tous les sujets d’intérêt commun.

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