Algérie : le journaliste français Christophe Gleizes condamné à sept ans de prison en appel

La Cour d’appel de Tizi-Ouzou a confirmé, mercredi 3 décembre, la condamnation à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes. Le reporter indépendant, notamment collaborateur des magazines du groupe So Press, avait été arrêté en mai 2024 et condamné en première instance en juin 2025 pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national ».

Un appel sans effet malgré une demande de clémence

Devant la cour, le journaliste de 36 ans avait renouvelé sa demande de clémence, reconnaissant « beaucoup d’erreurs journalistiques malgré [ses] bonnes intentions », selon un journaliste de l’AFP présent à l’audience. « Je réclame votre clémence pour pouvoir retrouver ma famille », avait-il déclaré, visiblement ému.

Mais la Cour a tranché : « Le jugement rendu en première instance est confirmé », a annoncé le président de la juridiction. L’annonce a provoqué la consternation dans la salle ; ses proches se sont dits « effondrés ».

Les reproches : un visa inadapté et des contacts sensibles

Christophe Gleizes était en Kabylie pour réaliser des reportages sur la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK) et une enquête sur les dix ans de la mort du footballeur camerounais Albert Ebossé. Il voyageait toutefois avec un visa touristique, et non un visa de presse — une erreur « passible d’amende, mais certainement pas d’une peine criminelle », selon son avocat algérien, Me Amirouche Bakouri.

Les autorités lui reprochent surtout des contacts avec des responsables du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par l’Algérie depuis 2021. Interrogé sur une rencontre en octobre 2021 avec un dirigeant du mouvement, le journaliste a affirmé ne pas savoir que le MAK était alors déjà inscrit sur la liste des organisations terroristes : « Je n’étais pas au courant et j’ai honte de le dire. »

Le parquet a pour sa part considéré que « l’accusé n’est pas venu en Algérie pour accomplir un travail journalistique mais pour un acte hostile », et avait requis d’alourdir la peine à dix ans de prison.

Soutiens et critiques

Les avocats de Christophe Gleizes affirment que les contacts avec le MAK étaient antérieurs et sans intention politique, relevant du travail journalistique.
Reporters sans frontières (RSF) avait, la semaine précédente, dénoncé sur RFI « une incompréhension du rôle des journalistes » dans cette affaire.

Sa famille et son comité de soutien espéraient que le verdict s’inscrirait dans le détente récente entre la France et l’Algérie, illustrée notamment par la libération de l’écrivain Boualem Sansal, le 12 novembre

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