États-Unis : un Britannique visé par une interdiction de visa attaque l’administration Trump en justice

Imran Ahmed, ressortissant britannique et figure engagée en faveur d’une régulation stricte des grandes plateformes numériques, a saisi la justice américaine pour contester les sanctions prises à son encontre par l’administration de Donald Trump. Cette démarche judiciaire lui permet, à ce stade, d’éviter une expulsion des États-Unis, où il réside depuis 2021.

Le fondateur et directeur du Center for Countering Digital Hate (CCDH) a déposé plainte mercredi devant un tribunal de New York. Il y affirme être exposé à une « arrestation anticonstitutionnelle, une détention punitive et une expulsion imminente ». Un juge a ordonné jeudi la suspension temporaire de toute mesure à son encontre. Une première audience est prévue lundi, selon une décision consultée par l’AFP.

Dans sa plainte, Imran Ahmed indique que le gouvernement fédéral a clairement signifié qu’il faisait l’objet de « sanctions » en raison des activités du CCDH, une ONG qui analyse les politiques de modération des grandes plateformes et critique régulièrement les pratiques de X (ex-Twitter), propriété d’Elon Musk, ancien allié du président américain.

Mardi, les États-Unis ont annoncé des sanctions visant cinq personnalités européennes engagées dans la lutte contre la désinformation et les discours de haine en ligne : Imran Ahmed, Clare Melford (directrice de l’indice britannique de désinformation GDI), Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon (de l’ONG allemande HateAid), ainsi que l’ancien commissaire européen au Numérique, le Français Thierry Breton.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a justifié ces mesures en dénonçant sur X une « censure extraterritoriale » contraire aux intérêts des États-Unis. Selon Washington, le CCDH aurait notamment appelé les plateformes à déréférencer douze figures américaines opposées aux vaccins, parmi lesquelles figure l’actuel ministre de la Santé, Robert F. Kennedy Jr.

L’an dernier, un tribunal californien avait toutefois rejeté une plainte déposée par X, qui accusait le CCDH de mener une campagne de diffamation.

Outre Marco Rubio, la plainte d’Imran Ahmed vise plusieurs hauts responsables américains, dont la sous-secrétaire d’État à la diplomatie publique Sarah Rogers, les ministres de la Justice et de la Sécurité intérieure Pam Bondi et Kristi Noem, ainsi que le directeur de la police fédérale de l’immigration (ICE), Todd Lyons.

Âgé de 47 ans et d’origine afghane, Imran Ahmed vit légalement aux États-Unis avec une carte verte de résident permanent. Son épouse et leur fille sont de nationalité américaine. Dans une déclaration transmise à l’AFP, il a affirmé qu’il ne se laisserait « ni intimider ni détourner de l’œuvre de [sa] vie ».

Cette affaire s’inscrit dans une offensive plus large de Donald Trump contre les règles européennes encadrant les géants de la tech, que Washington considère comme des mécanismes de censure. Contacté par l’AFP, le département d’État américain n’avait pas réagi dans l’immédiat.

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