Soudan : plus de 1 000 morts dans le bombardement du camp de Zamzam en avril, selon l’ONU

Plus de 1 000 civils ont été tués en avril lors d’une offensive menée par les Forces de soutien rapide (FSR) contre le camp de déplacés de Zamzam, dans le Darfour-Nord au Soudan, a annoncé jeudi 18 décembre le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH).

Dans un rapport publié à Genève, l’ONU fait état d’« atrocités de grande ampleur » commises entre le 11 et le 13 avril, notamment des massacres, des viols et autres violences sexuelles, des actes de torture et des enlèvements. « Au moins 1 013 civils ont été tués » au cours de cette attaque, précise le document.

Exécutions sommaires et violences sexuelles massives

Parmi les victimes, 319 personnes auraient été sommairement exécutées, soit à l’intérieur du camp, soit alors qu’elles tentaient de fuir. Selon le rapport, certaines ont été tuées à leur domicile lors de perquisitions, d’autres sur le marché principal, dans des écoles, des centres de santé ou des mosquées.

Le Haut-Commissariat indique également qu’au moins 104 personnes — dont 75 femmes, 26 filles et trois garçons — ont subi des violences sexuelles « d’une extrême brutalité », incluant des viols, des viols collectifs et des cas d’esclavage sexuel. Ces crimes auraient été commis aussi bien pendant l’attaque que sur les routes de fuite, entre le 11 avril et le 20 mai.

Les violences semblent avoir été menées « dans le but de semer la terreur au sein de la communauté », selon l’ONU. Le rapport souligne par ailleurs que, dans les mois précédant l’assaut, les FSR avaient bloqué l’acheminement de nourriture, d’eau, de carburant et d’autres biens essentiels au camp.

À l’époque des faits, les Forces de soutien rapide avaient nié avoir ciblé des civils à Zamzam.

« Violations graves et systématiques »

Le Haut-Commissariat qualifie ces exactions de « violations graves et systématiques du droit international humanitaire » et d’« atteintes flagrantes au droit international des droits de l’homme ».

« Ce rapport rappelle une fois de plus l’urgence d’agir pour mettre fin à ce cycle d’atrocités et garantir que les responsables rendent des comptes, tout en assurant réparation aux victimes », a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk.

Une situation humanitaire catastrophique

Le camp de Zamzam est l’un des trois grands camps situés autour d’El-Facher, capitale du Darfour-Nord, tombée aux mains des FSR fin octobre. Avant l’attaque, le site abritait jusqu’à un million de personnes. Environ 400 000 civils auraient fui le camp après l’offensive.

La majorité des déplacés ont trouvé refuge à Tawila, à environ 70 kilomètres, où plus de 650 000 personnes vivent désormais dans des conditions extrêmement précaires.

Début décembre, Amnesty International avait déjà accusé les paramilitaires soudanais d’avoir commis des « crimes de guerre » dans le camp de Zamzam.

Depuis le début du conflit entre l’armée soudanaise et les FSR en avril 2023, la guerre a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déplacé des millions de personnes et provoqué ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire au monde ».

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